L’endométriose touche 1 femme sur 10. Peut-être es-tu visitée par elle et te sens-tu en souffrance ? Si tel est le cas, je mets une main sur mon cœur et une autre sur mon ventre, en signe de reliance et de compassion. Je te vois et je t’entends dans ce que tu vis… Et dans ce creuset de communion entre femmes, ce moment de pause dans ce qui nous relie, je te propose de retourner la proposition d’être visitée par la maladie et de te demander :

Comment est-ce que je visite l’endométriose ? Comment est-ce que je choisis de la regarder ?

Une maladie, selon l’angle depuis lequel on se place, peut aussi se vivre comme étant une véritable initiation et enseigner l’être humain qui la porte. 

Dans cet article, je t’invite à envisager cet angle de vue…

C’est quoi l’endométriose ?

utérus - endométriose

L’endométriose est une maladie gynécologique chronique invalidante. Des cellules de l’endomètre (la muqueuse tapissant la paroi utérine) ou, selon d’autres recherches, des cellules presque semblables physiologiquement à celles de l’endomètre, se retrouvent anormalement dans la cavité abdominale, créant des implants, des kystes, des nodules, au niveau des ovaires, de l’intestin et/ou de la vessie, voire même hors de cette zone du corps, dans les poumons ou le cerveau (très rarement).

Je n’entrerai pas ici dans l’énumération et l’explication des multiples hypothèses étiologiques concernant cette maladie. Ce n’est pas mon propos. Mais il est un fait : 

L’endométriose, dont on trouve pourtant des descriptions datant de l’Egypte antique, jusqu’à 4000 ans en arrière (1) reste encore bien mystérieuse, sous de nombreux aspects…

(1) Galès Marie-Rose, Endométriose, ce que les autres pays ont à nous apprendre, Josette Lyon, 2020.

Les silences

Dans E N D O M É T R I O S E, il y a des échos silencieux, des amers et des doux…

Le silence amer qui invite au redressement

Tout comme le corps et la santé de la femme semblent être des sujets d’étude peu valorisés (2), l’endométriose a été très peu étudiée (peu de financement accordé à la recherche sur l’endométriose). Il est pourtant aujourd’hui reconnu que l’endométriose occasionne des douleurs intenses et peut complètement bouleverser la vie d’une femme tant la maladie peut être invalidante. Encore aujourd’hui, bien qu’il soit admis que l’endométriose touche 1 femme sur 10, l’errance médicale est telle qu’il faut en moyenne 7 ans pour qu’elle soit diagnostiquée. En France, la formation des médecins généralistes l’intègre dans son cursus depuis 2020 seulement (suite aux demandes pressantes d’associations) !

(2) Pour étayer cette affirmation, je rappelle que l’anatomie complète du clitoris a figuré pour la première fois dans les manuels scolaires français en 2017 … Et que la recherche, notamment en pharmacologie, s’intéresse parfois uniquement aux individus mâles (animaux et humains) pour les essais cliniques, le corps femelle étant considéré comme « trop compliqué ». 

Ce silence est assourdissant…

Cette forme de silence a un goût de désintéressement, d’indifférence voire de dénigrement de ce qui touche et concerne les femmes, par notre société patriarcale. La gynécologie est née au 17ème siècle en Europe et devient une affaire d’hommes retirant aux sages-femmes leurs prérogatives millénaires. La nature cyclique de la femme a tôt fait de passer de naturelle et respectée à une forme d’entrave voire de handicap pathologique devant être traité et maitrisé. La nature féminine et le corps de la femme sont alors perçus comme faibles, fragiles et vulnérables. S’instaure l’idée que la femme est une éternelle malade, dirigée par ses organes génitaux. Il est arrivé qu’on aille jusqu’à retirer aux femmes leurs ovaires « pour les soulager ». (Galès Marie-Rose, Endométriose, ce que les autres pays ont à nous apprendre, Josette Lyon, 2020)

Au 19ème siècle, si la France s’est distinguée dans ses recherches scientifiques sur l’endométriose grâce aux autopsies, considérant l’endométriose comme une maladie organique, la psychanalyse et certains médecins célèbres comme Pinel et Charcot ont participé à assimiler l’endométriose à de l’hystérie. L’endométriose devient la maladie des femmes instables et anxieuses. (Ibid.)

L’attitude envers l’endométriose et la douleur que les femmes endurent a-t-elle beaucoup changé ? Ce qui était compréhensible au 19ème siècle, par ignorance, ne l’est plus aujourd’hui. Et pourtant, le « c’est dans la tête, Madame » et la violence gynécologique sont encore d’actualité au 21ème siècle. 

L’histoire nous enseigne donc qu’une part, à tout le moins, de la médecine centrée sur les femmes, repose sur un masculin dévoyé, éloigné de son serment hippocratique, ne se reliant que trop peu aux qualités du « prendre soin » et considérant la femme et son corps cyclique sans le respect qui lui revient ontologiquement. 

Je ne veux bien sûr pas manquer de souligner le professionnalisme, le dévouement et la posture juste de nombreux soignant·e·s et j’ai le sentiment que nous vivons une époque où une nouvelle conscience émerge, mais je ne peux m’empêcher de penser, pour avoir entendu et lu de nombreux témoignages de femmes souffrant d’endométriose et soignées par notre médecine, qu’il existe toujours une propension abusive, consciente ou inconsciente, et à des degrés divers, de « silencier » la femme, de la rendre hystérique à ses douleurs, de banaliser, de minimiser ses ressentis et fustiger leurs expressions, de ne pas l’écouter, ni la croire… 

Quelle réponse va-t-on, nous les femmes, adresser à cette part de la société qui déprécie encore la femme et le féminin ?

Afin de ne pas se laisser emporter dans une forme de rabaissement consenti et de musèlement, il y a tout d’abord à voir et reconnaître, en nous, la femme « silenciée », la femme interdite, celle qui, peut-être, se devait d’être la gentille petite fille sage… 

Où dans ma vie, en tant que femme, je me restreins dans mon expression ?

Et ensuite, faire le chemin d’OSER cette expression : choisir une autre posture, la posture de la femme qui PARLE, la femme qui se connecte à la puissance de son bassin, de son utérus qui nourrit et permet à la vie d’être transmise, une posture libérée des injonctions patriarcales et des narratifs méprisants banalisés.

Oui, je crois que l’endométriose est une maladie qui nous porte vers l’AUDACE du chemin de l’expression de la femme, des femmes.

Après la colère et le lot d’émotions qui peuvent émerger lorsque le voile du conditionnement se lève, peut prendre place l’énergie de l’affirmation et de l’action inspirée par le respect de soi. Le nouveau positionnement est une réelle opportunité de déploiement.

Dans le silence écœurant entourant l’endométriose, se niche un cadeau de transformation individuelle et collective.

Le doux silence qui invite à l’accueil de ta beauté et de ta richesse

Je me dépose maintenant dans une forme de recueillement, de doux silence sacré. Je m’ouvre à sa saveur et je t’y invite…

C’est le mystère du féminin qui t’y invite.

Si l’on ne parle pas encore suffisamment de l’endométriose, si la femme touchée par cette maladie n’OSE pas dévoiler ce qu’elle vit, c’est peut-être que derrière la honte ou le tabou d’une maladie qui touche intimement les organes féminins, derrière les conditionnements patriarcaux qui nous façonnent tous·tes, il se pressent la présence d’un TRÉSOR MYSTÉRIEUX qu’on n’OSE pas approcher, qu’on ne connaît que peu ou qu’on ne voudrait dé-voiler sans toute la révérence qu’il est absolument requis de lui accorder. 

Et ne faut-il pas faire silence pour pouvoir écouter et entendre ce que le mystère a à nous dire ?

Je ne sais pas ce qu’est le féminin. Je sais seulement une chose avec certitude : c’est qu’il constitue un immense et impressionnant mystère.

Christiane Singer

Et si nous nous réappropriions cette part de mystère qui entoure l’endométriose pour nous rapprocher de qui nous sommes, nous les femmes ? Si l’endométriose était une porte pour nous ouvrir à celle que nous ne connaissons pas, ou plus… Celle que nous avons oubliée. Si l’endométriose disait, avec moulte fracas il est vrai :

« Souviens-toi de cette femme, ces femmes, le féminin… »

Jean Philippe de Tonnac, dans son roman L’Ensaignement (2021) affirme qu’on a ôté quelque chose aux femmes qu’on ne leur a jamais rendu. Ce n’est finalement pas leur « droits », c’est plus essentiel… et cette part de féminin manquant fait cruellement défaut au monde, aux femmes et aux hommes. Il interroge :

Et si ce mystère était touché du doigt par le sang des lunes ?

L’endométriose est une maladie tellement intime. C’est le sang de nos lunaisons qui en est le sceau, ce sang qui vient marquer notre corps et faire son lit en se répandant dans des lieux inadéquats, ce sang qui imprègne nos tissus, nos organes, de façon anarchique et chaotique… ce qui génère des expériences douloureuses vécues si intensément. 

Notre sang, notre matrice, notre utérus… comment ne pas en faire nos ennemis ? Comment ne pas en avoir peur ? Comment ne pas entrer dans une vision de combat contre notre propre corps ? 

Collusion de mystères… Peut-être que rencontrer de plus en plus finement le mystère du féminin, le mystère de nos corps de femmes, toucher notre propre sang, toucher notre ventre, notre corps, physiquement, et aussi, en être touché depuis l’espace du cœur, nous aide à traverser ce que la maladie nous donne à vivre… 

L’endométriose devient « ensaignante » du mystère féminin rendu au sacré…

Je t’invite à cette chasse au trésor au sein de tes profondeurs mystérieuses ! Le trésor, c’est toi, la femme que tu es, je t’invite à découvrir le diamant aux multiples facettes qui habite ton cœur, mais aussi ton corps, ton ventre, ta matrice fleurie, et qui ne demande qu’à briller pour offrir au monde toute la splendeur du féminin retrouvé !

Et l’endométriose peut donc se révéler être une porte, un magnifique portail pour traverser le voile de l’ignorance, de l’oubli de la magnificence de la femme …

Accueillir et se redresser, la danse du Yin et du Yang

Et finalement, les deux formes de silence peuvent participer au cheminement vers le même point de rencontre de son Soi le plus authentique… un mouvement de redressement (Yang) se mêlant à un mouvement d’accueil de sa royauté (Yin).

Et c’est chacun et chacune qui y est convié. Car aujourd’hui, l’homme peut aussi se positionner en soutien, gardien, d’un féminin oublié, et soutien du chemin de toutes les femmes…

En eLLe, le mystère incarné… eLLe avec deux ailes

Christelle

L’endométriose comme PORTE vers l’éveil à Plus Grand

Par le biais de l’endométriose, j’ai invité, chacune et chacun, à se positionner face à une société patriarcale coupée de son accès aux qualités intrinsèques du féminin et qui en arrive à nier ou silencier la femme. Je nous ai aussi invité·e·s à nous souvenir du mystère riche et sensible du féminin et de la femme et à l’accueillir pleinement.

Et puis il y a toi, ton histoire, tes propres blessures… 

Si tu souffres d’endométriose, qu’en est-il de ta relation intime avec cette maladie particulière ?

Il y a peut-être, derrière l’endométriose, une histoire de traumatisme (en lien avec une blessure du féminin, ou pas) qui crie depuis l’enfance sans que tu aies pu la déceler jusqu’ici. Il y a peut-être un savant mélange de blessures (de cette vie, transgénérationnelles ou même karmiques) qui se sont accumulées sans que tu aies pu en prendre soin jusqu’ici.

Et l’endométriose peut venir frapper fort à la porte de ce qui est resté non-vu, non-entendu et non-accueilli.

Quelle écoute, de ce que se vit dans l’instant, déploies-tu ?

Tu ressens/as ressenti de la colère, de l’injustice, de l’impuissance,… Tu ressens ton ventre qui s’essouffle et qui pleure. Comment peux-tu écouter ton corps et ces messagers, les rencontrer, de plus en plus finement ?

C’est parfois lorsque la souffrance est là que l’on pose un genou à terre. On lâche et on peut, dans cet espace de silence, écouter les messages auxquels on n’avait pas pu, pas su, jusqu’ici, prêter attention. 

Et on dé-couvre, on retire les couvertures, les voiles, les conditionnements, autour de notre âme qui aspire à exister autrement, plus librement, dépouillée des habitudes de protection que nous avons mises autour de notre cœur, de nos yeux et de nos oreilles. Car si ces gardiens protecteurs ont eu leur utilité pour notre survie dans le passé, ils peuvent être aujourd’hui remerciés et congédiés afin de nous permettre d’entendre notre voix intime et d’exister plus librement. 

Et puis parfois, tout ce chemin d’écoute est laissé de côté… et il n’y a plus que l’accueil. Depuis un espace d’amour et de compassion aussi vaste que l’infini, notre cœur dit le OUI total à ce qui est : la réalité crue et nue de la Vie qui s’exprime et ne s’arrête pas de s’exprimer, sous toutes les formes, jusque dans la profonde douleur de la maladie.

Dans le choix d’accueillir, de prendre soin de ses blessures, de respecter et d’exprimer son Soi authentique 

ou 

dans le lâcher-prise de l’humaine qui s’en remet totalement à la Vie, 

la guérison (3), sous toutes ses formes, peut advenir… 

(3) La guérison fera l’objet d’un autre article de blog tant il y a de choses à en dire.

Parallèlement à un suivi médical, j’accompagne les femmes souffrant d’endométriose… en individuel et en cercle, entre femmes.

N’hésite pas à me contacter pour échanger à ce propos.